Colloque "La société pastorale mongole" - Appel à comunications

Publié le par OTASIE

 

 Appel à communications

Colloque universitaire et associatif

Paris, mai 2012

 

La société pastorale mongole

Patrimoines nomades, système de production et structures sociales :

Perspectives interdisciplinaires

 

 

Objectifs

Le présent colloque est organisé par le groupe d’études « Réflexions d’Asie » de l’Association OTASIE [1], composé de jeunes chercheurs appartenant à l’EHESS, l’EPHE, l’Inalco et aux Universités de Paris VII, Paris VIII et Rennes II. Les objectifs principaux de cette association sont le développement des connaissances sur la Haute-Asie, en particulier sur la Mongolie, et le financement de projets d’ordre socioculturel concernant cette région.

Le colloque s’insèrera dans une manifestation plus ample visant la promotion de la culture et civilisation mongoles, grâce notamment à l’organisation d’expositions, de concerts, d’un forum associatif, etc.

Le colloque s’interroge sur les relations entre les différents éléments constituant la société pastorale mongole, (composantes sociale, culturelle, économique, politique, religieuse, etc.). Jusqu'ici la recherche interdisciplinaire et surtout les échanges entre chercheurs occidentaux et mongols sont encore trop cloisonnés. Nous cherchons à travers ce colloque à tisser des liens que les cloisonnements géographiques, institutionnels, méthodologiques ou disciplinaires empêchent trop souvent de nouer. Seront prises en compte les propositions de spécialistes de différentes disciplines scientifiques afin de créer les conditions d’une rencontre et d’un dialogue interdisciplinaires. Un des objectifs est de réunir les chercheurs spécialistes de la Mongolie, dont les occasions de rencontres sont d’autant plus appréciables qu’elles sont rares.

 

Le colloque sera organisé autour de deux axes de recherche :

-          un questionnement méthodologique prenant en compte la diversité des supports utilisés par les chercheurs de différentes disciplines, et conceptuel, pour établir les définitions nécessaires à une réflexion commune.

-          une réflexion autour de trois grandes composantes de la société pastorale mongole : les patrimoines nomades, matériels comme immatériels ; le système de production nomade et la notion de développement économique en contexte pastoral ; les structures sociales.

 

On s’attachera ainsi à définir les interactions entre production culturelle, contexte environnemental, contexte géopolitique et mode d’organisation sociale et économique. Comment la société pastorale mongole, jeu d’interactions complexes, irréductible à une définition trop simple du nomadisme, s’est-elle perpétuée au cours de son histoire, et comment fait-elle face aux évolutions du XXIe siècle ?

 


Premier axe : méthodologie et concepts

 

Thématique 1 – Concepts  

 

Pour situer notre réflexion sur la société pastorale mongole, il nous semble essentiel d’interroger et de définir les concepts et les catégories qui permettent d’aborder ce domaine de la recherche.

Le questionnement se doit d’aborder la terminologie qui fait office de cadre institutionnel dans la recherche sur la Mongolie : Haute-Asie, Asie centrale, Asie moyenne[2], Inner Asia, Central Asia, etc. L’espace ainsi cerné, lieu de passage et de brassage culturel entre le monde russo-européen et l’Asie méridionale constitue une zone eurasiatique d’interface entre nomades et sédentaires ; il convient dès lors d’examiner les enjeux inhérents à de telles délimitations.

En conséquence de ces premières définitions, c’est l’opposition traditionnelle entre nomades et sédentaires qui doit faire l’objet d’une investigation. À partir d’une réflexion sur l’histoire et les présupposés de ces concepts, on mettra en question leur complémentarité binaire, par exemple en examinant des notions connexes (mobilité, dispersion, flexibilité) ou intermédiaires (semi-nomadisme, semi-sédentarisme, agro-pastoralisme, nomadisme marchand). Il s’agit de positionner cette réflexion dans les cadres théoriques des différents champs disciplinaires (anthropologie, histoire, urbanisme, etc.). L’objectif étant de construire une réflexion ancrée dans la réalité pastorale nomade mongole, on sera attentif à la pluralité des approches de ce type de société.

Des notions considérées comme constitutives du pastoralisme nomade doivent aussi être intégrées à cette réflexion. Dans l’imaginaire occidental, le pasteur nomade est celui qui mène une vie en mouvement, et le sédentaire est défini par le fait d’avoir un habitat fixe. Cette opposition fréquente entre sédentaire et pasteur nomade est trop souvent réduite à la question de la mobilité et doit pouvoir se construire autour d’un rapport différent à l’espace affectant le mode de vie, la culture, le social, l’économique, l’individu, la sphère familiale et l’univers cosmologique. Pour sortir de cette opposition dans les modes d’occupation de l’espace, une réflexion autour de la dialectique parcourant les sciences humaines et sociales entre nomadisation et sédentarisation doit être menée de manière pluridisciplinaire afin d’envisager une définition de ces deux modes de vies complémentaires qui coexistent depuis plusieurs siècles.

 

 

Thématique 2 - Réflexion autour des méthodes de travail

 

A l’image des chercheurs du domaine mongol, ce colloque est pluridisciplinaire. Il s’agit dans cette thématique de s’interroger sur les méthodes de travail et les matériaux disponibles en Mongolie. En effet, chaque discipline (anthropologie, linguistique, histoire, géographie, ethnomusicologie, zootechnie, etc.) mobilise une méthodologie spécifique ainsi que des sources (orales ou écrites) et des supports (enregistrements : entretiens, chants, etc., iconographie : photographies, représentations cartographiques, vidéos, archives écrites, sonores, audiovisuelles, journaux, etc.) qui lui sont propres.

C’est pourquoi une présentation des fonds d’archives mongols est attendue ainsi qu’une discussion autour des conditions de collecte dans chacun des domaines de recherche.

Par cet échange d’expériences, nous espérons faciliter le recueil ultérieur de données, permettre aux chercheurs d’enrichir leur méthode de travail et d’alimenter leur réflexion, créer des passerelles méthodologiques entre les différents domaines.

 


Second axe : complémentarités et interactions des productions, cultures, et structures sociales de la société pastorale mongole.

 

Thématique 1 - Système économique et développement

 

Au cours de son histoire, le territoire habité par les peuples mongols a subi l’influence de plusieurs modèles de conceptions économiques. Il s’agit de saisir des réalités historiques en s’interrogeant sur les notions de développement, de modernisation, de progrès économiques, ainsi que sur les approches plus récentes en termes de développement, durable, passage à l’économie de marché, mondialisation, afin d’évaluer les interactions de ces modèles avec les structures sociales et économiques des nomades mongols. Le questionnement porte à la fois sur l’effet concret de la diffusion de ces modèles sur les pratiques mongoles et sur la pertinence de certains de ces modèles pour l’analyse de ces sociétés.

Il faudra notamment s’interroger sur les liens entre le système de production de la société pastorale mongole et les modèles socio-économiques liés à la notion de développement. Quels rôles ont pu avoir les puissances asiatiques, russes et occidentales dans la diffusion de ces modèles ? La société mongole s’en est-elle emparée, et comment ? Dans quelle mesure peut-on appliquer la notion de développement à cette société ?

 


Thématique 2 - Patrimoines nomades mongols

 

Il s’agit d’étudier les liens entre la constitution, l’évolution, la mémoire et la conservation d’un patrimoine tant matériel qu’immatériel et les changements socio-économiques qu’a connus la Mongolie au fil des siècles.

D’une part, nous entendons par « patrimoine matériel » ce qui concerne les objets appartenant au cadre de production du système nomade, mais aussi l’écosystème du pastoralisme nomade et sa conservation ou modification par le système de production lui-même ou par d’autres besoins (sélection et entretien d’un type de pâturage, constitution du bétail, etc.), par d’autres facteurs (État depuis le XXe siècle, ONG au XXIe siècle), la recension et reconstitution du patrimoine naturel (faune et flore) et historique (politique de définition des monuments historiques et de leur conservation ; disparition, mobilité, abandon, destruction, conservation, restauration des monuments au fil du temps), le patrimoine urbain et ses traces (archéologie des empires nomades, urbanisme contemporain, etc.).

D’autre part, par patrimoine immatériel, nous comprenons l’ensemble des pratiques artistiques, intellectuelles et symboliques, les savoirs, techniques et savoir-faire, tels que croyances et pratiques religieuses dont le chamanisme, médecine traditionnelle, symbolique de la nomadisation du troupeau, conception de l’espace, musique, performances orales, sports et jeux, danses, etc., ainsi que l’évolution de ces pratiques culturelles et leur mode de transmission.

Il peut également être question de s’intéresser à l’évolution des perceptions indigènes vis-à-vis du patrimoine propre à la société mongole : mémoire, réflexion et recherche, conservation etc.

 

 

Thématique 3 – Structures sociales

 

Le but est de comprendre le fonctionnement spécifique et les dynamiques adaptatives des structures de relations sociales. Cela implique entre autres d’interroger les systèmes de parenté, la notion de « parenté sèche », les hiérarchies sociales qui organisent les différents réseaux qui constituent ce type de société. Des aspects comme la conception de la personne, du talent, du prestige, seront à prendre en compte dans le cadre de cette thématique.

La dynamique des réseaux sociaux, à toutes les échelles, fera aussi l’objet d’une approche en termes de circulations des biens et des personnes. Les frontières, comme lieu de délimitation mais aussi lieu de passage et de concentration des flux, ainsi que l’interface entre la ville et la campagne sont symptomatiques de l’organisation de ces réseaux.

Dans le cadre pastoral nomade, au cours de l’histoire, l’appropriation de l’espace, au sens large, peut être analysée en termes de structures sociales. Administration, État, modes d’organisations institutionnelles, etc., peuvent être aussi envisagés à travers ces paradigmes. En effet, la société pastorale mongole ne saurait être interprétée indépendamment des structures sociales qui la constituent et participent à son évolution.

 

 

Tables rondes

Dans le cadre des axes développés préalablement, des tables rondes permettront de synthétiser ces échanges et ainsi de faire émerger de nouvelles problématiques.

 

-          Réflexion autour du pastoralisme nomade et de la modernité où l’on abordera notamment la question du mode de développement contemporain (économique, géopolitique, identitaire, etc.) de ces sociétés.

-          Définition des concepts d’études et des méthodes de travail des différents chercheurs et sciences représentés lors du colloque avec pour but de développer la diffusion et le partage des savoirs et la collaboration internationale.

-          Conclusions du colloque

 

 

Contacts

Colloque organisé par l’Association OTASIE, BL n°46

53 Rue de la chapelle

                                                        75018 Paris.

Personnes participants à l'organisation du colloque:           Marie BERTRAND

 

                                                                                                                                                 Raphaël BLANCHIER

                                                                                                                                               Johanni CURTET

                                                                                                                                               Léa MACADRE

                                                                                                                                               Laura NIKOLOV

Courriel : otasie.reflexasie.colloque2012@gmail.com  

Site internet : http://otasie.over-blog.com 

 

Modalités de soumission

Les propositions de communication devront comporter la référence à l’axe de réflexion pressenti, un titre et un résumé de 3 000 signes au plus. Devront figurer à la suite, l’institution de rattachement et les coordonnées du ou des auteurs. Un auteur peut soumettre plusieurs contributions. Les langues de rédaction sont le mongol, français ou anglais, et éventuellement le russe.

Le document doit être envoyé au format « .doc » sous la forme «nom.initialeduprénom.doc » (ex : martin.j.doc ; ou en cas de plusieurs auteurs, martin.j_penzin.a.doc, ou martin.j.1.doc en cas de plusieurs contributions d’un même auteur) par courrier électronique avant le vendredi 11 février 2011 à l’adresse suivante : otasie.reflexasie.colloque2012@gmail.com 

 

Certaines contributions, par l’impossibilité du contributeur d’être physiquement présent ou par leur caractère marginal seront cependant étudiées en vue d’une publication ultérieure à la tenue du colloque.

 

Une réponse à chacune des propositions sera envoyée début avril 2011.

 

La contribution finale, selon les mêmes modalités que précédemment, doit être envoyée au plus tard le 10 février 2012. Afin de laisser aux traducteurs le temps nécessaire, la date est de rigueur. Aucune communication ne sera acceptée au-delà de cette date.

 

  

 

 

Quelques références bibliographiques

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[1] OTASIE, créée le 9 septembre 2009, est une association à but non lucratif.

[2] En russe

Publié dans Culture

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